Le 1er septembre 2023, quand j’ai eu fini la rédaction et la mise en ligne sur le site des pages 16 et 17 de la Description de 1809 qui concernent le shako que portent certaines troupes à pied du Royaume d’Italie, je me suis fait la remarque que certains éléments constitutifs de cette coiffure restaient sans réponse.
Ce sont ces questions que j’ai regroupé sur la planche de reconstitution (voir ci-dessous) qui accompagne ces pages 16 et 17 : la Description, si elle mentionne des pompons (pages 78 et 79), ne parle absolument pas d’une cocarde (et d’une éventuelle ganse de cocarde), de jugulaires et de cordons, de glands et de raquettes.
En cherchant dans mes archives tant au niveau des textes que des représentations officielles (émanant des services du Ministère de la Guerre), j’ai pensé qu’il serait très intéressant et important de comparer les textes et le seul document iconographique à notre disposition pour les années 1808-1809 (dates de la mise en place du shako) à savoir la série Armata Italiana 1809 qui regroupe 32 aquarelles désormais conservées au Musée du Risorgimento de Milan, à la Brown University (Rhode Island USA) et au Musée de l’Hermitage (Saint-Petersbourg Russie).
1- Les textes officiels disponibles pour l’introduction du shako.
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1-1 La circulaire du 17 février 1808
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La circulaire du 17/02/1808 prescrit le remplacement du chapeau par le shako.
Source : Raccolta delle leggi, decreti, circolari ed istruzioni riguardandi lo stato militare… Tome IV – Bibliothèque Braidense de Milan
« La circulaire fait un rappel des tarifs du 1er juillet 1807 (voir le Règlement de 1807).
⇒ Le shako aura comme pompon pour l’infanterie de ligne :
rouge pour les grenadiers
vert pour les voltigeurs
moitié inférieure blanche et moitié supérieure verte pour les fusiliers.
⇒ Pour les 3 régiments d’infanterie légère et le Bataillon d’Istrie :
cordons et pompon rouges pour les carabiniers
cordons et pompon verts pour les voltigeurs
cordons blancs et le même pompon que les fusiliers pour les chasseurs.
NB : les cordons sont les mêmes pour l’infanterie de ligne.
⇒ Pour les Dalmates, comme pour la Légère sauf que les cordons et le pompon des voltigeurs sont jaunes.»
Dans une lettre d’application de sa circulaire, datée également de février 1808, Caffarelli, ministre de la Guerre du Royaume d’Italie de mars 1806 au 31 janvier 1810, donne aux sous-inspecteurs aux revues des précisions sur l’introduction du shako :
« Je vous adresse, Monsieur le sous-inspecteur, copie de ma circulaire du 17 courant, adressée aux conseils d’administration des régiments d’infanterie de ligne et de légère, qui autorise et réglemente le remplacement du chapeau par les shako.
Vous veillerez, aussi bien pour les chapeaux que pour les shakos de l’ancien modèle qui sont déjà en cours de service, qu’ils soient remplacés par des nouveaux shakos, en échange de ceux déjà existants, soit auprès des soldats, soit dans les magasins des corps et quand ils auront atteint la durée prévue. »
Ce texte confirme bien l’existence des shakos pour l’infanterie légère qui ont été mis en place avec les ordres du jour de 1801 et l’introduction progressive du shako dans l’infanterie de ligne au fur et à mesure de l’usure « légale » des chapeaux (la durée d’un chapeau étant fixé par le Règlement de 1807 à 12 mois).
Je pense qu’il est également important de s’arrêter un instant sur le texte du Règlement de 1807 puisque la circulaire «fait un rappel des tarifs du 1er juillet 1807».
Pour l’infanterie légère, on trouve en effet aux pages qui traitent « de la compétence et des valeur des objets avec l’impact sur la masse annuelle de l’habillement » que le shako attribué est mentionné sous le terme de « shakos guarniti », littéralement shakos garnis et donc pourvu de tous ses attributs. Son prix unitaire est de 9 lires et 98 centimes et sa durée prévue avant son changement de 48 mois (4 ans).
Il est intéressant de noter que cette durée est identique à celle du shako français mis en place par la circulaire du 27 mars 1806 : « La durée du shakos de l’infanterie légère étant fixée à quatre ans, elle sera de même pour l’infanterie de ligne, l’artillerie et les troupes du génie » selon le Journal Militaire 1806-1 (janvier à juin) pages 116-117.
Cette notion de shako garni signifie que la circulaire du 17 février 1808 considère que le nouveau shako mis en place pour l’infanterie de ligne, la légère et des troupes dalmates et istriennes comporte bien une dotation en pompon, cordons et glands … mais également une plaque et une cocarde. Concernant la cocarde, elle figure à part dans le Règlement de 1807 parmi les « ornements et distinctives ». Elle est attribuée à chaque homme en deux exemplaires, son prix à l’unité est de 10 centimes et sa durée de 6 mois.
Ces différents aspects sont confirmés au travers des autres archives de février 1808…
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1-2 Les autres textes des Archives de Milan (fin 1807 – début 1808)
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J’ai trouvé également des informations que la question du shako de 1808 au travers de quelques documents existants encore aux Archives de Milan.
⇒ 03/11/1807 : le shako aura des cordons, des glands et un pompon soit rouges, soit verts ou soit blancs selon les compagnies.
Source : ASM dossier N°8
Ce document signifie que l’idée d’introduire le shako pour les troupes italiennes s’est sans doute faite jour dès 1807 comme le prouve ce texte qui avait ainsi déjà défini les garnitures du shako qui sont précisées comme cordons, glands et pompon.
⇒ 04/11/1807 : une lettre propose même l’extension du shako attribué à l’infanterie à d’autres corps comme le génie, l’artillerie, les vétérans…
Réponse du Ministère AJOURNE !
Source : ASM dossier N°8
Il est intéressant de noter que cette proposition est faite alors que la circulaire n’est pas encore parue mais le Ministère demeure prudent et le shako restera limité aux seules formations que définira la circulaire à savoir :
1- l’infanterie de ligne en lieu et place du chapeau : pour mémoire, le Règlement de 1807 donne encore le chapeau au 6 régiments d’infanterie de ligne même si à côté des 3192 chapeaux attribués à un régiment d’infanterie à 3 bataillons (valeur du chapeau 4 lires 61 centimes et durée de 12 mois) une note précise » au chapeau a été substitué le shako dont le prix est calculé à 8 lires et 77 centimes et pour une durée de 48 mois ». Dans leur ouvrage «Storia Militare del Regno Italico 1802-1814 – volume 1 tomo 1 – Roma 2003 », les auteurs évoquent une décision du Ministre du 17 décembre 1807 pour le remplacement du chapeau de ‘l’infanterie de ligne par le shako.
2- l’infanterie légère en lieu et place d’un ancien modèle de shako mis en place avec les ordres du jour de 1801 : le Règlement de 1807 donne déjà à cette date de juillet 1807 un shako à la légère
3- l’infanterie dalmate et istrienne en lieu et place du chapeau dit à la Henri IV mis en place par le décret de 1806 : le Règlement de 1807 donne le fameux chapeau à la Henri IV
Le shako se généralisera par la suite à d’autres formations italiennes mais de façon lente et progressive :
– le Régiment d’artillerie à pied vers la fin de 1808 (je vais y revenir)
– les Transports militaires par délibération du Vice-roi du 03/03/1810
– le Bataillon des sapeurs par une décision du 08/11/1810 (source carnets de Cenni – information de Piero CROCIANI)
– le Bataillon des vétérans et des Invalides par une décision du Vice-roi du 21/12/1810
– le Bataillon de la Garde de Venise par la circulaire du 25/01/1811
– les régiments de chasseurs à cheval en 1811 en lieu et place du bonnet carré à la polonaise (circulaires de janvier et mars)
– les compagnies du train d’artillerie en 1811 en lieu et place du bonnet carré à la polonaise.
J’ai eu la chance de retrouver dans ces mêmes archives de Milan une description des plaques de shako du 2ème de ligne.
En effet, une lettre émanant du 2ème de ligne en date du 26 janvier 1808 mentionne que :
« Les fusiliers portent la plaque avec le numéro 2 et la couronne de fer, le pompon, les cordons et les raquettes blancs. Les voltigeurs ont, sur la plaque, le cor de chasse et le numéro 2 avec la couronne de fer, le pompon, les cordons et les raquettes verts ».
Mais pour revenir à la circulaire du 17 février 1808, deux autres documents des archives italiennes viennent préciser certains aspects :
– un procès-verbal du 22 février 1808 pour la confection des shakos (source : ASM dossier N°8) précise que ceux-ci auront la plaque avec une empreinte des numéros 1 – 2 – 3 – 4 – 5 – 6. Le shako comporte un ceinturon, une languette, un porte-pompon, la cocarde, la plaque et la visière cerclée. Les glands et les cordons sont en étamine verte, rouge ou blanche.
Le procès-verbal reprend point par point les éléments qui composent le shako aux pages 16-17 de la Description de 1809 mais il mentionne également outre la cocarde, les glands et les cordons.
Six régiments d’infanterie de ligne sont mentionnés puisque le 7ème de ligne ne sera mis sur pied du moins officiellement que suite au décret du 2 juin 1808.
– un document du 24 février 1808 (source : ASM dossier N°8) mentionne que pour la fabrication d’un shako, il faut nécessairement du cuir, du basane, du drap noir, de la toile, du laiton pour la plaque, le cercle de la visière et la boucle.
Ces deux documents donnent une bonne représentation du shako avec ses cordons avec glands, son pompon sa cocarde, son laiton (et oui les plaques italiennes sont officiellement en métal JAUNE) pour la plaque et le cercle de visière… mais point de jugulaires. Il semble probable que l’Armée italienne ait porté des jugulaires sur le shako mais plus tardivement, sans doute vers 1810-1811.
A ce stade de cette réflexion, je pourrais tenter une autre reconstitution du shako pour les trois formations concernées par la circulaire du 17 février 1808 mais pour ce faire il est nécessaire de revenir sur la question de la cocarde.
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1-3 La Description de 1809, la cocarde et la ganse de cocarde
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La cocarde n’est pas mentionnée dans la Description de 1809 mais elle figure bien et même en double exemplaire dans les tarifs du Règlement de 1807.
En consultant la Description de 1809 pour les coiffures différentes du shako (pages 28-29), j’ai constaté qu’une ganse (cappietto en italien) de cocarde était clairement mentionnée pour les trois modèles de chapeau en service en 1809 à savoir :
⇒ le chapeau à 3 cantons (bicorne) qui est encore utilisée comme coiffure pour les vétérans, l’artillerie à pied, les sapeurs et le train du génie. Dans le descriptif est mentionné une ganse en galon de fil blanc avec au milieu une raie noire, le tout d’une longueur de 17 cm 596 et d’une largeur de 1 cm 128 avec un bouton en étain d’un diamètre de 1 cm 579 et portant le numéro du corps.
⇒ le chapeau dit à l’espagnole pour les bataillon des transports militaires qui a également une ganse en galon de fil blanc d’une longueur de 16 cm 242 et d’une largeur de 1 cm 128 et un bouton en étain du corps d’un diamètre de 2 cm 256.
⇒ le chapeau rond des canonniers de la marine qui a aussi sa ganse de galon de fil blanc d’une longueur de 9 cm 475 et d’une largeur de 1 cm 128 et le bouton en étain d’un diamètre de 1 cm 805 avec l’ancre au milieu et deux canons croisés.
Ces informations sur la ganse de cocarde sont confirmées par la série Armata Italiana 1809 du moins de façon très visible pour les vétérans (Armée de terre et Marine), le train du génie, les canonniers de la Marine. Pour les transports militaires, le chapeau à l’espagnole ne montre pas le côté relevé où figure la cocarde et sa ganse, les sapeurs sont étrangement absent de la série et l’artillerie à pied est en shako … je vais revenir sur cet aspect dans la suite de l’article.
De même, pour le shako (à la polonaise) des chasseurs à cheval la Description de 1809 mentionne aux pages 18 et 19 que le porte-pompon ou porte-plumet est cousu sur le devant sous la ganse (cappietto) et dans les garnitures de cette coiffure figure au milieu sur le devant une ganse en galon de fil blanc d’une longueur de 29 cm 777 et large de 1 cm 692 avec un bouton bombé en étain. Ces particularités ne se retrouvent pas dans la description du shako à la polonaise de l’artillerie à cheval et du train d’artillerie (pages 20 et 21).
Ces éléments sont confirmés par la série Armata italiana 1809.
A part ces formations, pas d’autres ganses de cocarde. J’en déduis que l’infanterie de ligne, l’infanterie légère et les formations dalmates et istriennes ont eu la cocarde mais sans une ganse. La cocarde devait se fixer sur le haut du devant du shako en recouvrant le porte-pompon ou plumet et au dessus de la plaque. Cette fixation devait être réalisée par des fils en laiton comme cela se pratiquait aussi pour les shako de l’infanterie française.
Pour toute la série Armata italiana 1809, la cocarde tricolore du Royaume d’Italie semble être, en partant de l’extérieur, blanche puis rouge et on suppose verte.
Désormais, je peux tenter une reconstitution du shako reprenant toutes ces réflexions pour les trois formations concernées par la circulaire du 17 février 1808.
2- Les dessins officiels contemporains : la série Armata Italiana 1809
Compte tenu de la date de publication de la Description en 1809, il paraît important de regarder dans le détail les 32 aquarelles de la série Armata Italiana 1809 sous l’angle des formations portant le shako selon les directives de la circulaire du 17 février 1808 que je résume « shako mis en place pour l’infanterie de ligne, l’infanterie légère et les corps dalmates et istriens ».
- Pour l’infanterie de ligne et pour les 7 régiments représentés, le fantassin de face et de dos est un grenadier. Donc pas de représentation du shako mais du bonnet à poil.
- Pour l’infanterie légère même constant pour les 3 régiments représentés : à chaque fois de face et de dos un carabinier en bonnet à poil.
- Pour les formations dalmates et istriennes, un carabinier du Régiment Royal Dalmate en shako figure de face et dos sur la 19ème aquarelle de la série mais pas de représentation pour le Bataillon Royal d’Istrie. Deux explications peuvent être avancées face à cette absence :
– la série Armata Italiana 1809 a été réalisée après la disparition de ce bataillon par son incorporation dans l’infanterie légère (décret du 22/03/1809 puis décret du 30/09/1809)
– il s’agit d’un manque dans la série des aquarelles car ne sont pas représentés entre autre les 5 compagnies de Gardes d’honneur de la Garde Royale (mais toutes les autres formations de la Garde Royale sont illustrées), le Bataillon des sapeurs (mineurs et sapeurs) alors que figure le train des sapeurs (qui ne compte qu’une escouade) …
Tout serait dit après ce pointage mais il existe une seconde aquarelle avec un personnage coiffé d’un shako en la personne d’un artilleur à pied …alors que la Description de 1809 et les textes de début 1808 n’ont pas inclus l’artillerie à pied dans la dotation de cette coiffure ! En plus ce shako montre des particularités sur lesquelles je vais revenir plus en détail … mais je commence par le carabinier dalmate.
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2-1 La 19ème aquarelle de la série Armata Italiana 1809
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Cette aquarelle est consultable dans son intégralité sur mon site dans la série Armata Italiana 1809 mais je présente ci-dessous un agrandissement montrant le shako.
Au premier regard on se rend compte que le shako de ce carabinier dalmate est en tout point conforme aux descriptions officielles avec la plaque en laiton en forme de losange portant de façon très nette les initiales de son corps (RRD pour Reggimento Reale Dalmata) placées sous la couronne de fer dite en forme de peigne, la visière qui est toutefois dépourvue du cerclage en laiton que donne la Description de 1809, les cordons, les raquettes et les glands rouges qui signifient son appartenance à une compagnie d’élite, un pompon mais qui est cependant éloigné des dispositions de la circulaire de février 1808 et de la Description de 1809. Ce pompon rond a la moitié inférieure vert et la moitié supérieure rouge : la Description de 1809 prévoit un pompon rond à moitié inférieure blanche et moitié supérieure verte mais pour les compagnies du centre …. celui des carabiniers est rouge en forme de pomme de pin.
Enfin, l’aquarelle ne montre ni cocarde, ni jugulaires.
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Je pense que nous avons avec cette aquarelle d’un carabinier dalmate, une représentation au plus près des textes officiels du shako mis en place dans une partie des troupes italiennes (ligne, légère et dalmates) … toutefois il faut se rappeler de nouveau que le Règlement de 1807 prévoit une dotation de cocarde (en deux exemplaires) à chaque homme, pour les jugulaires il faudra attendre les années 1810-1811 (je vais y revenir par la suite).
Tout serait cadré avec ce carabinier dalmate mais il existe dans la même série Armata Italiana 1809, un autre homme coiffé d’un shako et en plus d’une formation non comprise dans la circulaire du 17 février 1808, à savoir un canonnier du régiment d’artillerie à pied (aquarelle N° 20).
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2-1 La 20ème aquarelle de la série Armata Italiana 1809
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Cette aquarelle est également consultable dans son intégralité sur mon site dans la série Armata Italiana 1809 mais je présente ci-dessous un agrandissement montrant le shako.
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Je redis que le régiment d’artillerie à pied n’était pas compris dans la circulaire du 17 février 1808 introduisant le shako en lieu et place du chapeau à trois cantons (le bicorne) et que le Ministère avait ajourné toute décision concernant l’extension du shako à d’autres formations.
Avant de décrire plus dans le détail ce shako si particulier (et surtout sans visière), je reviens sur la mise en place du shako pour l’artillerie à pied. Comme je l’ai écrit dans mon article dans le numéro 4 de la Revue Soldats Napoléoniens de décembre 2004 (« En vert, noir et rouge … organisation et uniformes de l’artillerie à pied du Royaume d’Italie 1805-1814 2ème partie pages 37 à 44 »), l’introduction du shako pour cette arme date du 25 décembre 1808 selon les recherches effectuées par notre ami Piero CROCIANI. Ce dernier précisait même dans nos échanges que la plaque du shako portait les canons croisés surmontés de la Couronne de fer.
Le fait que cette décision soit de la fin de 1808 peut expliquer que la Description de 1809 (publiée en janvier 1809) mentionne encore pour l’artillerie à pied le chapeau (bicorne) avec ganse de cocarde et pompon en forme de pomme de pin rouge.
Je reviens à l’aquarelle de la série Armata Italiana 1809.
On note immédiatement que le shako du canonnier porte bien une plaque mais d’une forme très particulière et plus complexe que la plaque en losange (2 canons croisés surmontés d’un aigle qui semble avoir ses ailes déployées, aigle lui-même surmontée de la Couronne de fer), des cordons, raquettes et glands rouges et un pompon en forme de pomme de pin rouge (conforme à celui de la Description de 1809). On note également et comme pour le carabinier dalmate l’absence de cocarde et de jugulaires. Mais surtout ce shako est dépourvu de visière.
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Jusqu’à ce jour, je n’ai trouvé aucune explication ou début d’explication à cette absence de visière, tant dans les documents écrits des archives que dans d’autres dessins (en dehors de ceux qui sont élaborés à partir des aquarelles de la série Armata Italiana 1809). Je dois même abandonner la piste d’une reprise de ce type de shako pour les compagnies d’artillerie régimentaire de l’infanterie de ligne et légère en 1810-1811 au regard de documents iconographiques conservés dans les collections de la Reine d’Angleterre et qu’avaient reproduits Otto von PIVKA et Mike CHAPPELL dans le livre N°88 de la série Men-at-Arms «Napoleon’s italian troops». L’artillerie régimentaire de l’infanterie légère (canonnier et train) figure en noir et blanc à la page 9 (mais attention les légendes sont inexactes) et l’artillerie régimentaire de l’infanterie de ligne (également canonnier et train) sur la page 12 (avec une légende également erronée). En fait, cette série semble être une copie des mêmes dessins conservés dans l’Album vert (voir sur mon site cet Album vert dessin N° 32 Artillerie régimentaire de la légère et dessin N° 33 Artillerie régimentaire de la ligne) qui montrent à chaque fois un canonnier et une homme du train régimentaire avec un shako classique avec la visière.
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En reprenant l’ensemble des documents conservés dans l’Album vert du Musée du Risorgimento, j’ai constaté qu’il existait un autre document montrant l’artillerie à pied du Royaume d’Italie, document que j’ai omis lors de la rédaction de mon article pour Soldats Napoléoniens.
Ce dessin porte en français la légende « Grand uniforme d’artillerie de ligne » et je l’ai reproduit sur la planche infographique N° 35 dans la partie du site consacrée à l’Album vert.
Le document de Milan se présente sous la forme de deux personnages, l’un de face et l’autre de dos. Chaque personnage est surmonté de la lettre D … un autre document de cet Album vert (N° 34) montre deux soldats dans les mêmes positions, ils sont surmontés des lettres C et concerne les canonniers du Mincio (formation de la Garde nationale).
Notre artilleur est dans une tenue très classique et conforme aux textes officiels des années 1807-1809, il est coiffé d’un shako classique avec visière cerclée de laiton, donc conforme avec la Description de 1809. Il ne porte ni cocarde, ni jugulaires mais les attributs rouges (cordons, glands, raquette et pompon en pomme de pin). Sa plaque au shako n’est pas s’en rappeler celle du canonnier de la série Armata italiana 1809 avec les deux canons croisés surmontés d’un aigle aux ailes déployées mais sans la Couronne de fer. Ce type de plaque se retrouve également mais avec un bonnet carré à la polonaise pour le canonnier du Mincio.
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Pour synthétiser cette question des coiffures pour le régiment ‘artillerie à pied, j’ai réalisé une infographie montrant les différentes sources pour 1807-1809 (du bicorne au shako). La question du shako sans visière reste donc en suspend mais reste limitée aux seuls canonniers du régiment de l’artillerie à pied.
Au terme de ce premier article sur le shako des troupes italiennes en 1808-1809, il est donc possible de le représenter très proche de celui dessiné dans la série Armata italiana 1809 pour le carabinier dalmate avec toutefois la possibilité d’avoir en plus la visière cerclée en laiton (comme mentionnée par la Description de 1809) et la cocarde fixée sur le haut du devant sur le porte-pompon ou plumet. Le shako de l’artillerie à pied s’écarte des dispositions officielles par la nature de sa plaque.
Dans un autre article, je compte poursuivre l’étude sur la question des shakos en regardant l’évolution de cette coiffure pour d’autres troupes qui sont représentées dans l’Album vert du Musée du Risorgimento de Milan, à savoir le Bataillon colonial, les compagnies d’artillerie régimentaire (ligne et légère), le régiment des conscrits de la Garde, les compagnies de réserve départementale, les gardes de Milan et Venise (nouvelles formations de la période 1810-1811), voire les corps de volontaires de 1813-1814. On verra progressivement apparaître les jugulaires et la cocarde mais les cordons, glands et raquettes ne seront plus de mise.
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A suivre …